Décision d'orientation extrahospitalière. Ateliers, réflexions et expérimentations.
- Florian Ozainne

- 7 oct.
- 3 min de lecture
Comprendre les besoins au-delà du médical.
Comprendre les besoins de personnes dont la demande n’est pas strictement médicale confronte fréquemment les intervenant·e·s préhospitalier·ère·s à des situations complexes. Pour développer une compréhension plus globale de ces réalités, il est nécessaire de les aborder sous différents angles.
Souvent, ces situations sont désignées de manière réductrice par les termes « laissé sur site » ou « sans transport ». Mais est-ce réellement adéquat ? Comme le rappelait Albert Camus, « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ». Cette réflexion fait écho au travail des membres du groupe de la CORFA, qui depuis près de quatre ans œuvre à mieux nommer ces situations en parlant de décision d'orientation extrahospitalière .
Cette approche suppose d’identifier des orientations alternatives à l’hôpital, en s’appuyant sur une constellation d’offres adaptées à chaque contexte (p.ex. à l'aide de geaide.ch).
Les urgences sociales illustrent bien cette complexité : elles résultent de l’imbrication de facteurs multiples — sanitaires, psychologiques, économiques, liés aux usages de substances ou à la migration — rendant leur analyse difficile, même pour des professionnel·le·s expérimenté·e·s.
Avant de parler de solutions, il faut donc comprendre les pièces du puzzle qui composent ces situations.
Déconstruire nos représentations.

A travers différents ateliers de simulation, les étudiant·e·s de 2ème année continuent à développer leur identité professionnelle, à approfondir leur réflexion sur les représentations, préjugés et stéréotypes, afin de mieux lutter contre la discrimination et la stigmatisation.
L’une des clés d’une prise en charge adaptée reste la communication. À ce titre, les applications de traduction instantanée se révèlent précieuses pour briser la barrière de la langue.

Migration : entre exil et résilience
Quelles solutions proposer à une personne trouvée dans la rue, contrainte de fuir son pays simplement pour avoir étudié à l’université, ou pour avoir fondé une équipe féminine de ski ?
C’est l’histoire d’Alishah Farhang, entraîneur afghan formé en Suisse, contraint à l’exil en 2022 après avoir organisé l’Afghan Ski Challenge où des femmes participaient. Son parcours, relaté dans un film salué au FIFAD, illustre avec force le drame d’une génération de sportif·ve·s broyé·e·s par le régime taliban, mais aussi leur résilience et leur espoir d’un retour.
Ce film constitue un excellent point d’ancrage pour déconstruire les fausses représentations autour de l’exil et de la migration et a servit d'inspiration pour un de ces ateliers de simulation.

La semaine se poursuit un atelier immersif animé par Amnesty International sur les parcours migratoires permet d’approfondir cette réflexion. Il remet en perspective un fait souvent oublié : l’histoire humaine est une histoire de migrations. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la Suisse elle-même connaissait une forte émigration, notamment vers les États-Unis, de populations rurales en quête d’un avenir meilleur.
Humanité et principes fondateurs
Notre école étant basée à Genève, il était naturel de prolonger cette thématique par une visite du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. L’exposition permanente pose une question essentielle : En quoi l’action humanitaire nous concerne-t-elle toutes et tous, ici et maintenant ?
Le passage par la Place des Nations, où se tenait une manifestation de soutien au peuple palestinien, a rappelé avec force la pertinence et l’actualité de ces enjeux.

L’un des objectifs pédagogiques de la visite était de contextualiser les sept principes fondateurs du Mouvement : Humanité, Impartialité, Neutralité, Indépendance, Volontariat, Unité et Universalité.

Une des mission du CICR est de reconstruire les liens familiaux lors de conflits.
Cette partie de la visite nous apprend que "les liens qui vous unissent aux autres contribuent à nous définir. Lorsque ces liens sont brisés, vous perdez une partie de votre identité et de vos repères".

Cette réflexion fait écho au thème de la dignité humaine, centrale dans le Droit international humanitaire, auquel une partie du musée est dédiée.

Communication et inclusion : une expérience sensorielle.
Pour conclure cette journée placée sous le signe du lien et de la communication, les étudiant·e·s ont partagé un repas au restaurant inclusif Vroom, à Genève.
L’équipe du restaurant est composée de personnes sourdes, malentendantes et entendantes, créant un espace d’échange gestuel, visuel et culinaire unique en Suisse.
Cette rencontre offre un éclairage concret sur les défis liés à la surdité, qui touche plus de 10 000 personnes dans notre pays. En effet, le taux de chômage chez les personnes sourdes reste en effet trois fois supérieur à celui des entendants.
Les étudiant·e·s ont rivalisé d’ingéniosité pour commander et échanger, notamment grâce au lexique illustré de la Fédération Suisse des Sourds.
Un grand merci à toute l’équipe de Vroom pour cette belle aventure humaine et inclusive. Un grand merci aussi à cette classe qui est toujours partante dans nos activités diverses et variées !

Florian Ozainne




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