Que peut-on apprendre des autres, dans un autre pays avec d'autres réalités, un autre système ? Les techniques d'enseignement sont-elles différentes ? Que peuvent-elles nous apprendre ?
C'est grâce au soutien de MOVETIA, l’agence nationale en charge de la promotion des échanges et de la mobilité en Suisse et du fond SEMP, après Tim Blattman ayant été le premier étudiant bénéficiaire de ce programme dans notre école, c'est au tour d'enseignant·e d'en bénéficier.
Véronique et Florian ont prit leur bâton de pèlerin pour aller à la rencontre de leur homologues anglais d'Edge Hill University à Manchester. Mais aussi plus largement avec d'autres délégués d'universités européennes de Finlande, République Tchèque et d'Allemagne, pour échanger sur nos différents systèmes de formation.
Une visite intense, avec des découvertes et des débats d'idées pédagogiques et de pratiques cliniques.
Des discussions qui ont soulevé aussi bon nombre de questions sur les écoles supérieures. Les arguments du SEFFRI en faveur de ce système évoquent la proximité du terrain et des professionnels hautement employables après leur formation.
Mais vu de l'Europe, surtout au nord, les ES sont peu connues et peu lisibles. Dans le tertiaire B mais non universitaire... une classification qui laisse un peu pantois nos collègues européens et ne facilite pas les collaborations.
A ce propose, la motion de Matthias Aebischer sur l'équivalence des diplômes de la formation professionnelle supérieure et la création d'un bachelor et master professionnel qui a été rejetée au mois de mars 2023 avec comme arguments la peur de l'académisation de la formation professionnelle.
Toutefois le débat semble encore ouvert avec une proposition du Secrétariat d'État à la formation, à la recherche et à l'innovation de mise en œuvre des titres complémentaires « Professional Bachelor » et « Professional Master » ainsi que leur traductions anglaises. Pour reprendre les mots du SEFRI, il s'agirait d'un signal pour un degré tertiaire fort.
En effet si académiser la formation professionnelle nous fait perdre de vue ce qui est nécessaire au quotidien pour garantir la maitrise de gestes techniques opérationnels, les compétences relationnelles, on peut en effet douter du bénéfice.
Alors c'est un plaisir de découvrir un système universitaire avec 50 % de pratique professionnelle conjuguant les bénéfices de l'apprentissage de terrain avec un niveau théorique académique.
Une découverte très intéressante, dont un des objectifs est d'augmenter l'employabilité et la mobilité professionnelles, c'est un nouveau programme avec une double certification, paramedic et infirmier qui sortira ses premiers diplômés en 2024.
Le bénéfice évident du système universitaire c'est la partie recherche clinique. Pour améliorer les pratiques, vérifier si une procédure de soin, un médicament à un impact réel sur la survie, la réduction de la morbidité, il est important de développer nos compétences, la corpus de littérature scientifique dédiée à l'activité préhospitalière. L'exemple de l'étude paramedic 2, autour du bénéfice de l'adrénaline lors de l'arrêt cardiaque l'illustre bien.
A ce propos, nous avons été conviés à une présentation d'un travail réalisé avec des étudiantes d'Edge Hill University qui se sont intéressées à l'impact du COVID sur le bien-être. Au-delà de cette thématique, elles ont décrit et explicité la structure et les fonds qui soutiennent les étudiant·e·s. A nouveau un bénéfice de l'académisation.
Bien évidemment, un de nos objectifs lors de cette visite est de continuer à développer les échanges internationaux d’étudiant·e·s. Andrew Kirk, chef du département des professions paramédicales, en plus d'un accueil chaleureux, riche et d'une précision à faire pâlir l'observatoire chronométrique de Neuchâtel, s'occupe entre autre de l'internationalisation de la formation.
Cette rencontre va permettre à deux étudiants en début de 3ème année de partir dans
le cadre du fond SEMP à Manchester pour deux mois. Nous nous réjouissons de suivre leur récit dans ce blog avec trois autres étudiant·e·s qui profiteront d'aller découvrir d'autres systèmes, d'autres pratiques.
Et que de plus formateur, même au-delà des soins préhopitaliers que d'aller à la rencontre de l'autre ?
"[...]Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. Tu m’interroges comme l’on interroge le voyageur [...]"
Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à un otage, Chapitre VI (1943).
Florian Ozainne et Véronique Dusserre.
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