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Photo du rédacteurFlorian Ozainne

Immersion et simulation lors d'urgence psychosociale.

Les ambulancières et ambulanciers sont fréquemment confronté.e.s à des situations d'urgence qui ne sont ni médicales ni traumatiques. Une étude réalisée en 2018 dans le canton de Vaud, incluant 35 188 interventions montre qu’aujourd’hui dans 87% des cas il s’agit d’interventions « non urgentes » sans menace vitale. De plus, pour 12% des interventions, le patient n’est pas transporté et uniquement 7 % concernent des problématiques de santé mentale (Vuilleumier, 2021). Cette étude confirme de manière tangible ce que les ambulancières et ambulanciers vivent au quotidien depuis de nombreuses années.


Violences conjugales, familiales, personnes en situation de précarité, d’isolement social, de migration, tentatives de suicide, dépendances aux jeux, à des substances psychoactives, personnes sans domicile fixe peuvent être des situations où l’on fait appel à une ambulance faute d’alternative. Le défi est de taille pour les professionnel.le.s de terrain même expérimenté.e.s ainsi que pour nos étudiant.e.s en formation (ce post sur notre blog détaille mieux l’étendue de la problématique).


Pour illustrer cette dernière, retour sur le dernier jour de formation de l'année scolaire 2020 - 2021, Jérôme, Claire et toute l’équipe du Bateau Genève, Sébastien Gendre (travailleur social), Marie Wicht (ambulancière ES), Laurent de Giuli (Coordinateur 2ème année EsAmb) et Florian Ozainne (Enseignant EsAmb) proposent aux étudiants de 2ème année une journée d’immersion ainsi que de simulation de haute-fidélité dans le domaine des urgences sociales.


Tout d'abord quelques mots sur notre salle de cours du jour des mieux placée à Genève. Un lieu d'accueil inconditionnel (sans inscription, libre d’accès et sans restriction de participant.e.s) qui offre le matin des petits déjeuners aux personnes en situation de précarité.

Cette association propose avec beaucoup de créativité et réactivité, notamment face à la pandémie de Covid19 (en effet comment continuer à distribuer de l'aide alimentaire alors qu'on vous considère comme une activité non essentielle...), une multitude de formes de soutiens et d'activités : accompagnement individuel social et administratif, groupes de discussion, atelier informatique, CV, jeux, réunions d’informations, groupe de parole, bibliothèque flottante.


Un des piliers de l'action du Bateau Genève, est l’insertion socio-professionnelle. Les passager-e-s (toutes personnes montant à bord est de facto un-e passager-e) ont à la fois des compétences et la volonté de se sortir de leur situation précaire. Vivre dans la marginalité, ne plus exercer une activité professionnelle contribue à aggraver la dé-socialisation ainsi que la perte de repères, la baisse de l'estime de soi et les troubles psychologiques qui y sont associés. Chaque année une trentaine de personnes sont recrutées pour des stages allant de 3 à 8 mois dans trois pôles d’activités (intendance, chantier, buvette). Une démarche centrée sur la "dignité de la personne davantage que sur un impératif de retour à l’emploi".


Toutes ces activités poursuivent un seul but : contribuer à améliorer la socialisation et l’intégration sociale des personnes.

Un véritable ilot d'humanité en décalage avec les façades austères de la Rade surplombées d'enseignes publicitaires de grandes banques ou autres marques de montres de luxe.

La première partie de cette journée consiste à "simplement" prendre un petite déjeuner avec les passagers (dénomination de toutes personnes qui embarque à bord sans distinction) suivi d'une table ronde pour discuter, échanger des problèmes du quotidien, en rapport ou non avec les questions d'urgences pré hospitalières. Une rencontre, animée par Claire, "sans masque", qu'habituellement offre l'uniforme d'ambulanciers.

Puis, pour nous immerger dans le quotidien parfois houleux du Bateau Genève, inspiré de situations vécues, nous avons eu recours à une approche combinant la simulation de haute fidélité (psychologique, environnement) et le théâtre d'intervention social.

Cette dernière technique cherche à sensibiliser un public, le faire réfléchir à des problématiques sociales par le jeu d'acteur. Centré sur l’apprentissage par l’expérience ceci permet d’aborder des thèmes qui peuvent certes être traités, conceptualisés, théorisés dans une salle de cours, mais dont l'écho est bien différent quand il est vécu, incarné. Les étudiantes impliquées dans les différents situations sont considérées comme des "spect-actrices".

Une dernière intervention de l'année scolaire visant à aider les futurs professionnels à gérer au mieux ces situations dont la singularité sort des habituelles "cases et flèches" des protocole de soins et en font toutes la complexité et richesse.


Une belle manière de finir l'année scolaire.

Florian Ozainne

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