Après une dizaine d’heures de trajet en Fiat 500 et une désincarcération pour le moins difficile pour ma part, Lou et moi-même arrivons à Huy, une petite ville de la province de Liège, où se situe la maison que nous louerons pour les deux mois à suivre. Le lendemain, nous rencontrons notre référente et infirmière cheffe du service du SMUR du Centre Hospitalier du Bois de l’Abbaye (CHBA), Mme Michèle Berbuto. Nous passons la journée en sa compagnie. Elle nous fait découvrir le service, la ville de Liège avec ses grands axes, les deux sites du CHBA, l’École Provinciale d’Aide Médicale Urgente (EPAMU) ainsi que le réseau hospitalier local.
Ce poste est consacré à poser le contexte du fonctionnement préhospitalier liégeois comme nous l’avons découvert lors du premier jour.
Aide Médicale Urgence de la Province de Liège
Parlons tout d’abord de la structure de l’AMU (Aide Médicale Urgente) liégeoise. En Belgique, la centrale 112 détermine à l’aide d’un algorithme quel est le degré d’urgence de chaque appel reçu. Cet algorithme permet de déterminer quels sont les moyens nécessaires pour effectuer la mission. Voici les différents moyens à disposition de l’AMU Belge :
Ambulance agréée 112 (Croix Rouge Belge, Pompiers, privés) (2 ambulanciers-secouristes badgés 112)
PIT (1 ambulancier et 1 infirmier SIAMU)
Ambulance 112 (ou PIT) accompagné d’un SMUR (1 infirmier SIAMU et 1 Médecin urgentiste)
Concentrons nous pour l’instant sur ce qui constituera notre activité jusqu’à fin septembre : le Service Médical d’Urgence et de Réanimation. Tous les SMURs et PITs belges doivent légalement être rattachés à un hôpital avec une accréditation 112, c’est-à-dire dont les urgences remplissent des critères spécifiques tant en termes de plateau technique que de personnel, afin d’avoir l’autorisation d’accueillir des patients transportés en ambulance.
Le Centre Hospitalier du Bois de l’Abbaye
Ici, nous serons intégrés à l’équipe SMUR rattachée au CHBA. Celui-ci comprend deux sites : l’hôpital du Bois de l‘Abbaye à Seraing – en périphérie de Liège – et l’hôpital Joseph Wauters à Waremme – à environ 30 min de Liège – entre lesquels le SMUR du CHBA est partagé.
En effet, les SMUR Liégeois étant rattachés à des services d’urgences hospitaliers validés, certains secteurs peuvent se chevaucher, comme à Waremme, où la Clinique CHC Notre-Dame et son SMUR ne se situent qu’à quelques pâtés de maison de Joseph Wauters. C’est pour cette raison qu’un tournus entre les gardes des SMURs de la région est organisé. Cinq équipages SMUR sont actifs en tout temps pour la province de Liège, permettant une couverture 24/24 du secteur. Les hôpitaux organisent un partage des gardes et une recade dans les secteurs à couvrir afin d’assurer la bonne répartition des SMUR sur la province. Il y a un changement de tournus de lieu de garde tous les lundis à 8h. En ce qui concerne les SMUR du CHBA, le lundi matin il quitte par exemple le site de Seraing pour débuter sa semaine de garde à Waremme. Le lundi d’après l’opération inverse à lieu. Les gardes sur les deux sites sont assurés par la même équipe et les même véhicules (un d’intervention et un de réserve).
Le fonctionnement des SMURs belges
Une différence notable entre le fonctionnement du SMUR belge et d’un SMUR comme nous les trouvons en Suisse, est que les infirmiers et médecins qui travaillent au SMUR effectuent également des gardes aux urgences de leurs hôpitaux respectifs. Lorsqu’ils ne sont pas en intervention, les infirmiers SMUR peuvent «passer de l’autre côté» et prêter main forte à leurs collègues des urgences, tandis que les médecins expérimentés du SMUR jouent un rôle de supervision et de soutien aux médecins assistants. Une grande partie de leurs journées (et par extension des nôtres) se déroulent donc dans l’hôpital dans lequel ils sont stationnés.
Les Infirmiers SIAMU
Les infirmiers travaillant aux SMUR ainsi qu’une proportion de ceux travaillant aux urgences bénéficient du titre d’infirmier spécialisé en Soins intensifs et aide médicale urgente (SIAMU). Ils ont suivi une spécialisation en urgence et soins intensifs de un an en plus de leur formation initiale de quatre ans.
Afin d’intégrer l’équipe du SMUR, l’infirmier SIAMU doit réussir un test de sélection, une fois la sélection réussie, il sera encadré durant trois mois sur le terrain par un infirmier formateur. Durant ces trois mois « d’écolage », l’infirmier suivra des formations en interne sur la gestion d’intervention, mais également des cours spécifiques tels que la conduite en urgence ou la gestion de catastrophes. C’est après cette formation que l’infirmier peut officiellement rejoindre l’équipe du SMUR et travailler en binôme avec le médecin. Le rôle de l’infirmier du SMUR se rapproche de celui d’un ambulancier SMUR en Suisse : conduite du véhicule, rétablissement du matériel, gestes techniques (préparation de médicaments, pose de voies veineuses, etc.), co-lead avec le médecin, etc. Leur formation est relativement proche de la nôtre puisqu’elle se fonde sur des certifications de la NAEMT tels que l’AMLS, ACLS, PALS, PHTLS et TECC pour ne pas les citer.
Ici au CHBA, les infirmiers smuristes se relaient sur 3 horaires de 8 heures : 6-14h, 14-22h et 22h-6h. Afin de faciliter nos relèves et nos trajets, assurés par une seule voiture, et pour avoir suffisamment d’heures de stage par semaine, Lou et moi-même avons des horaires de 4x10h/semaine, de 8h à 18h ou de 20h à 6h, ce qui nous permet de faire les trajets domicile - stage qui dure environ une demi-heure. Cela permet également d’avoir une marge de manœuvre entre la fin de la journée de l’un et le début de la nuit de l’autre.
Les médecins SMUR
Les médecins urgentistes qui travaillent effectuent généralement des gardes de 24h, de 8h à 8h le lendemain. À l’instar des infirmiers, ceux-ci effectuent des nuits dormantes (si le service et calme et qu’il n’y a pas d’intervention) pour lesquelles ils disposent d’une chambre dans les locaux du service. Les médecins urgentistes doivent avoir acquis de l’expérience pour venir au SMUR. La plupart d’entre eux travaillent aux urgences au Bois de l’Abbaye, mais certains ont une activité dans d’autres services. Certains réalisent une activité de consultation à côté, d’autres travaillent dans d’autres SMUR également. Le médecin a la responsabilité de la direction médicale durant la prise en charge et décide de la nécessité d’accompagner le patient dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital de destination. Il est aussi chargé d’annoncer le patient à l’hôpital receveur par contact téléphonique direct.
Grâce à Mme Berbuto, que nous remercions du fond du cœur pour son engagement durant toute la durée de notre stage, ce premier jour bien rempli nous a permis de découvrir le système de santé liégeois, ainsi que les sites du Bois, de J. Wauters, mais également de découvrir l’école locale des ambulanciers, l’EPAMU, que je vous ferais visiter lors d’un blog ultérieur...
Geoffrey PYTHON
Étudiant Ambulancier
Volée 22-25
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